L’amour fraternel

Thérèse et l’amour fraternel

 

Prier ensemble c’est bien, s’aimer c’est encore mieux. Thérèse a été maîtresse en charité. Elle s’est laissée happer par l’appel pressant du Christ à un amour vrai entre frères. Souvent elle a médité l’hymne à la charité (1 Col. 12,31-13). Sa méditation l’a conduite à un amour profond envers les sœurs de sa communauté.

La délicatesse de Thérèse au Carmel était proverbiale. Ecoutons ses sœurs en parler.

L’Amour prend patience

La servante de Dieu montra encore sa charité en demandant à notre Mère d’être compagne d’emploi avec une sœur dont le caractère aigri par la maladie, devait la faire souffrir. Quelle vertu, quelle patience, quel zèle ne montra-t-elle pas dans ce poste si difficile ! Elle savait prendre de l’ascendant sur cette pauvre âme par un mélange de fermeté et de douceur. Cette sœur s’attacha à elle comme à un ange consolateur. Cette même sœur était employée avec moi à la sacristie ; quand elle me causait quelque difficulté, je n’avais qu’à confier la chose à la servante de Dieu, qui savait si bien agir sur l’âme de cette pauvre sœur qu’aussitôt elle m’arrivait et me demandais humblement pardon. (PO Marie des Anges page 414 ; 601v°)

 

L’amour supporte tout

Un jour que j’étais mécontente, je lui dis des choses qui devaient lui faire beaucoup de peine ; mais elle n’en laissa rien paraître et me parla avec calme et bonté, me suppliant avec instance de l’aider dans un certain travail. Je me rendis à sa demande, mais en murmurant, parce que cela me dérangeait beaucoup. L’idée me vint alors de voir jusqu’où elle saurait pousser sa patience, et pour exercer sa vertu, j’affectai de ne pas répondre à ce qu’elle me disait ; mais je ne pus réussir à vaincre sa douceur et je finis par lui demander pardon de ma conduite. Elle ne me fit aucun reproche, ne me dit aucune parole mortifiante, et tout en me montrant mes torts, elle m’encouragea à être plus douce quand il s’agit de rendre service. (PO Sr Marthe de Jésus P427-428 ; 623 r°)

 

L’amour ne passera jamais

“ La principale indulgence plénière, celle que tout le monde peut gagner sous les conditions habituelles, c’est l’indulgence de la charité qui couvre la multitude de péchés.” (CSG 44)

Comment ne pas être impressionnés par ces témoignages et pourtant Thérèse a vécu une véritable transformation dans l’exercice de la charité ; écoutons-la maintenant confier à sa prieure sa découverte radicale l’année même de sa mort :

Cette année ma Mère chérie, le Bon Dieu m’a fait la grâce de comprendre ce que c’est que la charité, avant je le comprenais, il est vrai, mais d’une manière imparfaite, je n’avais pas approfondi cette parole de Jésus : “ Le second commandement est pareil au premier : tu aimeras ton prochain comme toi-même. ” (…) Je vous fais un commandement nouveau, c’est de vous entr’aimer, et que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez les uns les autres. La marque à quoi tout le monde connaîtra que vous êtes mes disciples, c’est si vous vous entr’aimez. (Ms C 11 v°)

Comment Jésus a-t-il aimé ses disciples et pourquoi les a-t-il aimés ? Ah ! Ce n’était pas leurs qualités naturelles qui pouvaient l’attirer, il y avait entre eux et Lui une distance infinie, Il était la Science, la Sagesse éternelle, ils étaient de pauvres pêcheurs ignorants et remplis de pensées terrestres . Cependant Jésus les appelle ses amis, ses frères, Il veut les voir régner avec Lui dans le Royaume de son Père et pour leur ouvrir ce Royaume, Il veut mourir sur une croix car il a dit : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. (Ms C 12 r°)

Mère bien-aimée, en méditant ces paroles de Jésus, j’ai compris combien mon amour pour mes sœurs était imparfait, j’ai vu que je ne les aimais pas comme le Bon Dieu les aime. (Ms C 12 r°)

 

Vous êtes la lumière du monde (Mt 5, 14-15)

Ah, je comprends maintenant que la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leurs faiblesses, à s’édifier des plus petits actes de vertus qu’on leur voit pratiquer, mais surtout j’ai compris que la charité ne doit pas rester enfermée dans le fond du cœur : Personne, a dit Jésus, n’allume un flambeau pour le mettre sous le boisseau, mais on le met sur le chandelier, afin qu’il éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Il me semble que ce flambeau représente la charité qui doit éclairer, réjouir, non seulement ceux qui me sont les plus chers, mais tous ceux qui sont dans la maison sans excepter personne. (Ms C 12 r°)

 

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (Lc 6, 36-38)

Oui je le sens lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus j’aime mes sœurs. Lorsque je veux augmenter en moi cet amour, lorsque surtout le démon essaie de me mettre devant les yeux de l’âme les défauts de telle ou telle sœur qui m’est moins sympathique, je m’empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs, je me dis que si je l’ai vue tomber une fois elle peut bien avoir remporté un grand nombre de victoires qu’elle cache par humilité, et que même ce qui me paraît une faute peut très bien être à cause de l’intention un acte de vertu. (Ms C 12 v° 13 r°)

 

Jésus disait : N’invite pas tes amis ( …)invite les pauvres (Lc 14, 12-14)

Une parole, un sourire aimable, suffisent souvent pour épanouir une âme triste ; mais ce n’est pas absolument pour atteindre ce but que je veux pratiquer la charité car je sais que bientôt je serai découragée : un mot que j’aurai dit avec la meilleure intention sera peut être interprété tout de travers. Aussi pour ne pas perdre mon temps, je veux être aimable avec tout le monde (et particulièrement avec les sœurs les moins aimables) pour réjouir Jésus et répondre au conseil qu’il donne dans l’Evangile. (Ms C 28 r° ; 28v°)

 

Prière

Vivre d’amour, c’est naviguer sans cesse
Semant la paix, la joie dans tous les cœurs
Pilote Aimé, la Charité me presse
Car je te vois dans les âmes mes sœurs
La charité voilà ma seule étoile
A sa clarté je vogue sans détour
J’ai ma devise écrite sur ma voile :
“Vivre d’Amour”

Orientation de vie

Comme Thérèse méditer l’Evangile
et prendre des résolutions concrètes,
des petits riens de tous les jours
qui nous permettront d’aimer mieux
tous ceux qui nous entourent
et comme elle toujours le faire
avec Jésus et pour Jésus.

 

 

 

 

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