Thérèse de Lisieux et l’Espérance

Thérèse de Lisieux

Thérèse de Lisieux a découvert que le Dieu d’amour (1 Jn 4,7) est aussi le Dieu de “ l’Espérance ” (RM 15,13). L’espérance de Thérèse fut comme un doigt constamment pointé vers le ciel, parfois avec des élans sensibles, mais le plus souvent, dans une grande pauvreté intérieure. Recueillons quelques unes des pensées profondes qui habitaient son Cœur.

Humble et petite, Thérèse est magnanime dans ses espérances.

Je ne suis pas un aigle, j’en ai simplement les yeux et le cœur , car malgré ma petitesse extrême j’ose fixer le Soleil divin, le Soleil de l’Amour et mon cœur sent en lui toutes les aspirations de l’Aigle. (… ) Ma folie à moi, c’est d’espérer que ton Amour m’accepte comme victime… Ma folie consiste à supplier les Aigles mes frères, de m’obtenir la faveur de voler vers le Soleil de l’Amour avec les propres ailes de l’Aigle Divin… (Ms B, 4v°-5v°)

 

Ils vont la main dans la main : le don désintéressé et l’aveugle espérance.

Il faut faire tout ce qui est en soi, donner sans compter, se renoncer constamment en un mot, prouver son amour par toutes les bonnes oeuvres en son pouvoir. Mais à la vérité, comme tout cela est peu de chose, il est nécessaire, quand nous aurons fait tout ce que nous croyons devoir faire, de nous avouer des ” serviteur inutiles “, espérant toutefois que le bon Dieu nous donnera, par grâce, tout ce que nous désirons (Conseil et Souvenirs 50 par Sr Geneviève).

 

Tu n’espères pas en vain, car Dieu est bon et tout puissant.

Il se servira de ma faiblesse même pour faire son oeuvre, car le Dieu fort aime à montrer sa puissance en se servant du rien(LT 220 à l’abbé Bellière 24/2/1897)

Il se sert des instruments les plus faibles pour opérer des merveilles (LT 201au Père Roulland 1/11/1896)

Depuis longtemps Thérèse a compris que le bon Dieu n’a besoin de personne (encore moins d’elle que des autres) pour faire du bien sur la terre (Ms C, 3v°)

“ Si le Seigneur ne bâtit lui-même une maison, c’est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent. ” Tous les plus beaux discours des plus grands saints seraient incapables de faire sortir un seul acte d’amour d’un cœur dont Jésus n’aurait pas a possession. C’est lui seul qui sait se servir de sa lyre, nul autre ne peut faire vibrer ses notes harmonieuses. Mais Jésus se sert de tous les moyens (LT 147 à Céline 13/8/1893)

 

Il est riche et il t’aime

C’est mon divin Epoux que je charge de payer ma dette. Puisque je suis pauvre à cause de lui, il est bien juste qu’il ne refuse pas ce que je lui demande pour ceux que j’aime (LT 131 à Jeanne Guérin le 17/10/1891)

Lui seul peut remplir mes immenses désirs (Ms A, 8 1 v,,).

 

Pourquoi donc ne pas être audacieux dans l’espérance ?

C’est peut-être de la témérité ? Mais non, depuis longtemps vous m’avez permis d’être audacieuse avec vous. Comme le père de l’enfant prodigue parlant à son fils aîné, vous m’avez dit : “ Tout ce qui est à moi est à toi ” (Ms C, 34v’).

Vous aimez saint Augustin, sainte Madeleine, ces âmes auxquelles “ beaucoup de péchés ont été remis parce qu’elles ont beaucoup aimé ”. Moi aussi je les aime, j’aime leur repentir et surtout… leur amoureuse audace ! Lorsque je vois Madeleine s’avancer devant les nombreux convives, arroser de ses larmes les pieds de son Maître adoré qu’elle touche pour la première fois, je sens que son cœur a compris les abîmes d’amour et de miséricorde du Cœur de Jésus, et que, toute pécheresse qu’elle est, ce Cœur d’amour est, non seulement disposé à lui pardonner, mais encore à lui prodiguer les bienfaits de son intimité divine, à l’élever jusqu’aux plus hauts sommets de la Contemplation (LT 247 à l’abbé Bellière du 21/6/1897).

Près de ce Cœur-là, on apprend la vaillance, et surtout la confiance. (LT 200 à Sr Marie de St Joseph 10/ 1986)

Elevée plus haut que moi-même, Je n’ai d’autre appui que mon Dieu. (PN 30.)

Gardez bien votre confiance. Il est impossible que le bon Dieu n’y réponde pas, car il mesure toujours ses dons à notre confiance (Histoire d’une Ame, 225)

Ne nous lassons pas de prier. La confiance fait des miracles… (LT 129 à Céline 8/7/1891)

Jésus ne peut-il pas faire une fois ce qu’il n’a encore jamais fait? Et s’il ne le désirait pas, aurait-il mis dans nos cœurs un désir qu’il ne saurait réaliser ? (LT 129 à Céline)

 

Thérèse était si convaincue de la bonté de Dieu, que pour elle le désir était comme le gage même de l’exaucement. Sœur Geneviève témoigne :

Elle faisait sienne cette parole de Notre Père saint Jean de la Croix : “ Plus Dieu veut nous donner, plus il nous fait désirer ” (CSG, 5 1).

Le Seigneur est si bon pour moi qu’il m’est impossible de le craindre. Toujours il m’a donné ce que j’ai désiré ou plutôt il m’a fait désirer ce qu’il voulait me donner (Ms C, 31r’).

Il ne m’inspirerait pas les désirs que je ressens, s’il ne voulait les combler (Ms A, 84 v°).

Jamais le bon Dieu ne donne de désirs qu’il ne puisse réaliser… (LT 197 à Sr Marie du Sacré Cœur )

 

Un jour sœur Geneviève lui dit : “ Vous êtes délicate avec le bon Dieu et je ne le suis pas, je le voudrais pourtant bien ! Peut-être que mon désir y supplée ? ” Thérèse répond :

Précisément, surtout si vous en acceptez l’humiliation. Si même vous vous en réjouissez, cela fera peut-être plus de plaisir à Jésus que si vous n’aviez jamais manqué de délicatesse (CSG, 59).

Je ne puis m’appuyer sur rien, sur aucune de mes oeuvres pour avoir confiance. Ainsi j’aurais bien voulu pouvoir me dire : Je suis quitte de tous mes offices des morts. Mais cette pauvreté, a été pour moi une vraie lumière, une vraie grâce. J’ai pensé que je n’avais jamais pu dans ma vie acquitter une seule de mes dettes envers le bon Dieu, mais que c’était pour moi comme une véritable richesse et une force, si je le voulais. Alors j’ai fait cette prière : “ 0 mon Dieu, je vous en supplie, acquittez la dette que j’ai contractée envers les âmes du Purgatoire, mais faites-le en Dieu, pour que ce soit infiniment mieux que si j’avais dit mes offices des morts. ” Et je me suis souvenue avec une grande douceur de ces paroles du cantique de saint Jean de la Croix : “ Acquittez toutes dettes. ”  J’avais toujours appliqué cela à l’Amour… Je sens que cette grâce ne peut se rendre… C’était trop doux ! On éprouve une si grande paix d’être absolument pauvre, de ne compter que sur le bon Dieu (J’entre dans la Vie, 117). C’est lui qui nous fait désirer et qui comble nos désirs… (LT 20 1.)

Je n’ai plus qu’un désir et c’est vous, ô mon Dieu! (RP 3.)

 

Thérèse, aujourd’hui, apprends-nous à prier avec confiance, avec une audacieuse espérance.

 

 

Prière

C’est ton amour, Jésus que je réclame,
C’est ton amour qui doit me transformer
Mets en mon cœur ta consumante flamme,
Et je pourrais te bénir et t’aimer.
Oui je pourrai t’aimer comme l’on aime
Et te bénir comme on le fait au ciel
Je t’aimerai de cet amour lui-même
Dont tu m’aimas, Jésus, Verbe éternel.

 

 

Orientation de vie

La prière de demande est le langage de l’Espérance, Courons d’amour en espérance et d’espérance en amour, franchissant sans cesse des sommets nouveaux.

De Dieu on obtient autant que l’on espère de Lui.

 

 

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